Ingénieur, conseiller en acoustique de l’éco-construction, Jean-Louis Beaumier travaille depuis plus de 15 ans sur l’emploi des matériaux bio-sourcés pour l’isolation acoustique des bâtiments. Il a écrit les ouvrages « L’isolation phonique écologique » et « Isolation thermique-acoustique, solutions combinées » parus aux éditions Terre vivante. Il coordonne des programmes de recherche sur les matériaux isolants, et est actif dans le développement d’outils de modélisation acoustique pour la construction.
L’habitat écologique n’est pas toujours situé en pleine campagne, loin des villes. On construit aussi en milieu urbain ou péri-urbain, dans des zones soumises à des nuisances sonores.
Faut-il, comme le pensent certains, construire en béton pour s’isoler du bruit ?
La construction en bois est-elle handicapée par le comportement acoustique du matériau ?
Les isolants bio-sourcés peuvent-ils rivaliser en efficacité avec les complexes conventionnels béton – laine de verre – plaque de plâtre ?
19 mai 2020
Merci à Jean-Louis Beaumier pour son intervention éclairante et sa pédagogie qui a mêlé approches scientifiques et technique, méthodologie et retours d’expériences, et de nous avoir donné des premiers éléments pour démêler le vrai du faux et démontrer idées reçues sur ce “concevoir autrement” que nous promouvons.
La construction bois a le vent en poupe et fait ses preuves dans le domaine de l’éco-construction pour ses nombreuses qualités que nous promouvons : c’est un matériau biosourcé, qui permet la valorisation de filières et de savoir-faire locaux, dont la rapidité de mise en oeuvre est arguée, notamment quand elle est une réponse à la densification avec les extensions et surélévations (avec un process plus industrialisé), etc.
L’acoustique est quant à elle souvent le parent pauvre dans la construction, alors que, mal traitée, elle est source d’inconfort et peut mettre en question la réussite d’un projet aussi vertueux soit-il en matière d’écologie.
Il nous semblait important de réunir ces deux grands enjeux de l’écologie du bâtiment, qui sont prégnantes également quand on parle du vivre-ensemble.
Nous pouvons extrapoler ce sujet de l’acoustique en construction bois en mettant en lumière la question des projets d’habitats groupés, d’habitats collectifs, où une isolation phonique de qualité est une composante centrale du vivre ensemble confortable – toujours dans cette vision en approche globale, avec l’utilisateur au centre des préoccupations !
*Quelles solutions techniques pour répondre au manque de masse de la construction bois ?
*La désolidarisation implique-t-elle des surcoûts ? La mise en œuvre est-elle impactée ? (sur la difficulté notamment)
*Dans le cas de la désolidarisation avec deux rangées de solives, pouvons nous croiser ces deux rangées à 90°?
*10 décibels d’atténuation d’écart = on entend 2x moins de bruits en dessous
20 décibels c’est 4x moins… en désolidarisant les structures.
*Quid de l’ajout de terre crue ? En comparaison de la chaux ? : Ce sont globalement les mêmes performances
*Quid des les de granulés de caoutchouc
*Que pensez vous sur le Granofibre comme isolants ?
*Est-ce que la paille de foin (gramitherm) est une bonne solution ?
*Si en réhabilitation on trouve des cendres ou du mâchefer dans les planchers sous les combles est-il judicieux de les conserver lors de leur aménagement ?
*Est-ce qu’un isolant en fibre de bois rigide sur le plancher, donc continu sur la surface est intéressant acoustiquement?
*Solution : rajouter de la masse ? comment, est-ce pertinent ?
Comment faire pour rester dans la filière sèche : rajouter de la masse en restant en bois – par exemple, avec du CLT (lamellé croisé cf KLH) ? non car il faut trop d’épaisseur
Il faut une autre stratégie pour une vraie performance : la désolidarisation (on entend 4X moins de bruit) cf désolivage
*Il y a de multiples critères à prendre en compte entre la statique l’acoustique et l’étanchéité à l’air et parfois antinomiques
*Cela fait 20 ans que le bruit est la principale nuisance environnementale déclarée par les Français. Or, on nous dit souvent que l’offre est possible si la demande sociale est là, si le besoin est là… Pourquoi donc, l’acoustique reste-t-elle encore « l’enfant pauvre » du bâtiment ? N’y aurait-il pas de bénéfices (y compris économiques) à mieux prendre en compte cet aspect ?
2017 enquête du CNB : coût du bruit représente 16 milliards d’euros par an → c’est un problème de santé publique majeur, mais il reste une réglementation pas assez contraignante.
*La mise en oeuvre est absolument capitale en acoustique : on ne peut pas laisser le moindre point faible, encore moins qu’en thermique. Importance du geste de l’art pour les applicateurs. Il faut arriver à prendre en compte l’acoustique en conception et en chantier.
*Quelle est la différence entre bruits aériens et bruits d’impact ?
*Quelle est la performance standard d’une paroi ou d’une dalle ?
*Quid des bruits d’équipements (notamment ventilation) en construction bois ?
*Qu’en est-il de la transmission par éléments structurels superposés à chaque niveau ?
*Comment gérer les points de contacts plancher-murs pour réduire au maximum les ponts acoustiques ?
*Rajoutons de la masse en construction bois ! Si on souhaite rester en filière sèche, la solution c’est la désolidarisation.
*Il y a de multiples critères à prendre en compte entre la statique l’acoustique et l’étanchéité à l’air et parfois antinomiques
*En complément également sur tous les sujets de formation et de qualité de la mise en oeuvre, il existe ce guide de suivi de la mise en œuvre en
acoustique dans le logement collectif neuf
*En quoi sont faites les bandes résilientes? sur un projet « écologique » est-ce un frein ? En quel matériau est-ce ? : le choix est vaste en écomatériaux, avec des performances tout aussi intéressantes que les matériaux conventionnels.
*Comment se situe la réglementation acoustique française du bâtiment par rapport à celles des autres pays développés, européens notamment ?
La réglementation française NRA 2000 est obsolète et a 20 ans d’âge, elle ignore les sons sons graves (basses fréquences), qui sont les plus présents actuellement (circulation routière etc.). Alors qu’en Scandinavie par exemple la réglementation commence à 50Hz.
*Une fois que la nuisance est constatée, il est toujours très difficile de régler le problème acoustique, malgré toutes les interventions pour le régler. Une grande partie des soucis provient quand même par un manque de qualité dans l’acte de construire. Qu’en pensez vous?
* Suite a 25 ans de constructions passive et bois ce n est enseigné nul part. Le mieux est de lire les ouvrages de Terre Vivante et de réfléchir en amont sur chaque détails constructifs
*Système masse-ressort-masse : les isolants interviennent comme matériaux ressorts en acoustique
*Quid des COV? dans les OSB ?
*Y a-t-il des types de parements intérieurs à préconiser pour atténuer les bruits à l’intérieur du logement (ajouter de la « rugosité » par exemple) ?
*Matériaux biosourcées & matériaux conventionnels : étude technique comparative du CSTB > les courbes de performances sont rigoureusement superposées. Les isolants biosourcés présentent les mêmes performances en affaiblissement et atténuation que les matériaux conventionnels.
*Idées reçues sur le comportement au feu ?
Les isolants biosourcés RÉSISTENT PLUS LONGTEMPS à la propagation / transmission du feu que les matériaux conventionnels (laine de verre)
Pour la paille, qui a de très bonnes performance acoustiques : plusieurs études montrent que les bottes de paille on une très bonne résistance au feu car pas d’oxygène donc le feu ne se répand pas.
Pour les fibres de bois en vrac : classée BS2D0… donc pas mal du tout en termes de résistance au feu !
*Et les rongeurs ?
Ils ne consomment pas les biosourcés car ce n’est pas nutritif. Mais il peuvent y nicher, comme dans la fibre de verre ou le polystyrène.
Limites existent : liège sensible aux fourmis ; risque d’infestation par les mites
Pour aller plus loin sur les questions d’acoustique nous vous informons que nous organisons avec Jean-Louis Beaumier des formations courtes en classes virtuelles avant l’été, et en présentiel dès la rentrée sur :
*en formation à distance :
*en formation en présentiel :
*& toujours la formation certifiante et labellisée DDQE , qui intègre une session sur le sujet de l’acoustique en éco-construction , ainsi que sur la construction bois, et dans le cadre de laquelle nous programmons ces Bulles.
Vous pouvez retrouver les dates et lieux des formations dans notre agenda de la Scop les 2 rives, par ici !