Samuel Courgey est expert technique bâtiments et environnement au sein de l’association Arcanne, pionnier des biosourcés, co-fondateur d’Effinergie. Il a fait le choix, après 15 années passées en chantiers et bureaux d’études de se concentrer à la veille technique de sujets liés à l’environnement. Expert des sujets « Rénovation », « Humidité », « Bâti ancien », co-auteur de livres de référence, il officie désormais principalement comme formateur, relecteur, et « lobbyiste pro-environnemental ». Samuel Courgey est aussi formateur DDQE dans toute la France.
La grande majorité des isolants biosourcés actuellement disponibles sont utilisés depuis plusieurs décennies, certains étant même arrivés avant les laines minérales et autres polystyrènes. Nous avons des retours d’expériences réels et durables de leur utilisation. Alors pourquoi sont-ils encore perçus comme « nouveaux », « expérimentaux », avec les craintes, souvent légitimes, qui accompagnent toute solution inconnue ?
Une Bulle décarbonée pour commencer à dérouler la pelote de laine d’un sujet plus que d’actualité !
Samuel Courgey est expert bâtiment et environnement au sein de l’association Arcanne, pionnier des biosourcés, co-fondateur d’Effinergie. Il a fait le choix, après 15 années passées en chantiers et bureaux d’études, de se concentrer à la veille technique de sujets liés à l’environnement. Expert des sujets « Rénovation », « Humidité », « Bâti ancien », « biosourcés », il a co-rédigé plusieurs livres de référence, dont "L’isolation thermique écologique" qu’il vient d’actualiser, après plus de 100.000 exemplaires vendus. Samuel officie désormais principalement comme formateur, relecteur, et « lobbyiste pro-environnemental ».
Entrons dans le sujet des mythes et des réalités en faisant le tour d’horizon des problématiques auxquelles nous nous heurtons quand nous parlons isolants biosourcés. Les isolants biosourcés, il paraît que ça brûle ? Que ça pourrit ? Qu’ils sont difficiles à assurer ? Qu’ils sont chers ? Que leur production viendrait concurrencer les filières agricoles alimentaires ?...
Quels isolants biosourcés mettre en œuvre, et à quels endroits ?
Fortes de 30 ans de retours d’expérience sur la plupart des matériaux actuellement proposés, certaines mises en œuvre se sont montrées particulièrement séduisantes, en neuf ou en rénovation.
Alors faisons le point sur les solutions se faisant remarquer au regard de leur facilité de mise en œuvre, de leur performance sur tel ou tel usage, ou de leur rapport qualité prix.
9 mars 2023
Merci Samuel pour cette balade photos qui dresse l’état des lieux de 30 ans d’expérience sur les matériaux biosourcés. Et de nous avoir partagé ces riches expériences et expertises, synthétisées de manière très claire, illustrée et efficace.
Comme le disait Samuel quelques semaines auparavant lors de son intervention au séminaire « Réhabilitation biosourcée des logements collectifs » organisé par la Scop les 2 rives et le CAUE 69 à Lyon en janvier 2023 :
Cette Bulle n’intervient pas à un moment anodin, elle s’inscrit dans une actualité à la fois :
Comme a rappelé Samuel dans cette Bulle, nous voulons aller au-delà du réglementaire. Aller au-delà, c’est par exemple dépasser la définition du biosourcé qui ne chiffre pas le minimum de matière biosourcé pour considérer un matériau comme tel et se donner une exigence : « Moi [Samuel], je mets la limite à 80%. S’il y a moins de 80% de bioressources dans un isolant (…) je ne l’appelle pas isolant biosourcé ». Aller plus loin, c’est aussi prendre parti et donner les solutions les plus pertinentes en l’état. C’est enfin savoir donner les bons appuis, les bons interlocuteurs et les références pour que tout un chacun puisse s’outiller au mieux pour faire ensemble, autrement.
Nous saluons la grande mobilisation des professionnels de la France entière (et au-delà) pour cet événement. Nous remercions également les nombreux relais qui ont spontanément diffusé l’initiative, et nous nous réjouissons d’avoir accueilli près de 1.100 inscrits d’un large et divers public avec plus de 600 participants en direct : architectes, ingénieurs, urbanistes, économistes, maîtres d’oeuvre et artisans, bureaux de contrôle, maîtres d’ouvrage publics et privés (collectivités, Villes, CD, Régions etc), représentants de l’état, aménageurs, bailleurs, promoteurs, conseillers énergie et CAUE, fabricants, médias, formateurs avec notamment une forte participation de professionnels engagés dans les formations DDQE.
Nous terminerons avec ce conseil de Samuel pour s’emparer au mieux des nouvelles pratiques :
Par rapport au tableau « Bilan carbone » [voir support de formation], quid de la laine de roche, du liège expansé (gisement et durabilité), du béton cellulaire, et de la laine minérale à liant végétal qui n’est pas dans le tableau ?
La laine de roche et la laine de verre sont à peu près équivalentes en termes de bilans carbone, cela varie selon les pays. Si la laine est couplée avec du végétal, il faudra faire la moyenne entre les deux bilan carbone, à peu près au niveau entre la laine de mouton ou la brique de chanvre par exemple. Pour le liège expansé, le bilan est très bon. La ressource est limitée et on ne peut pas l’utiliser à la place des autres.
Pourquoi les données du tableau « Bilan carbone » ne sont-elles pas toutes en accord avec les données FDES ?
C’est une question de méthodologie, l’origine des données est indiquée. Les bases de données sont plus ou moins mature et la base INIES n’est pas encore assez mature mais dans quelques années je l’utiliserai c’est sûr.
Comment considérer les isolants à fibres textiles (notamment issus du recyclage) ?
La ouate de cellulose et la laine de mouton ont une bonne note parce que quand on a un matériau issu du recyclage, on ne compte pas sa « vie d’avant ». On part donc de la collecte du matériau. Pour la laine de mouton c’est la même chose, on ne compte pas l’énergie qui a été nécessaire pour que le mouton grandisse. En termes d’énergie grise c’est la même chose.
Qu’en est-il de la relation entre nuisibles et biosourcés ?
On n’amène plus cette problématique pour les biosourcés depuis quelque temps, en tout cas pas plus, voir moins, que pour les autres isolants. Les rongeurs, c’est une problématique pour les isolants mais moins pour les biosourcés. Pour les insectes, on est dans le même cas mais il y a le souci des mites pour la laine de mouton. Il y a des traitements mais c’est un sujet à traiter avec attention. Le grignotage du liège par les fourmis n’est pas plus un sujet que pour d’autres isolants (ex : polystyrène).
Est-ce qu’il y a dans les tuyaux une règlementation 100% biosourcé ?
Non et la définition actuelle est fortement améliorable : est considéré comme biosourcés un matériaux comportant des matières d’origine animale ou végétale. Pour être plus exigeant, je limite à 80% de matière biosourcé pour considérer un isolant comme biosourcé avec une exception, le béton de chanvre.
Les risques de mise en œuvre des isolants biosourcés sont-ils les mêmes que pour les autres ?
C’est la même chose globalement, mais il faut surtout regarder produit par produit. Quand il y a un risque, ce n’est pas parce que le matériau est biosourcé ou non. En revanche, l’isolant biosourcé peut intervenir en positif sur la qualité de vie.
QUELQUES RESSOURCES SUPPLEMENTAIRES
*Les contacts filières évoqués par Samuel :
*La pétition pour la baisse de la TVA pour les matériaux biosourcés, géosourcés et de réemploi dans la construction : https://frugalite.org/2023/01/petition-baisser-la-tva-sur-les-materiaux-bio-geosources-et-de-reemploi-dans-la-construction/
*Etude du CEREMA (ouest) en 2016 sur le coùut des matériaux biosourcés dans la construction :https://www.cerema.fr/system/files/documents/2017/10/170614-cerema-etat-connaissancecouts-biosources.pdf
*Synthèse du rapport de recherche de TERRACREA sur lles « Matériaux de constructions biosourcés, ressources agricoles et forestières » : http://www.vegetal-e.com/fichiers/2014-terracrea-ressource-biosourcee-et-construction-synthese_1455737543.pdf
*Les deux livres de Samuel Courgey :