Le réemploi des matériaux de construction est une pratique en structuration depuis bientôt plus de 10 ans, mais avec quelle finalité ? Faire “comme avec du neuf” ?
A travers l’approvisionnement et la requalification des matériaux, nous verrons que la tentation de standardisation des process, comme des matériaux, recloisonne les dynamiques de conception, là où le réemploi est une opportunité de faire autrement, de travailler collectivement pour “savoir-faire”.
Se fournir en matériaux de réemploi n’est pas simple. Entre matériauthèques généralistes, diagnostics PEMD et fournisseurs spécialistes, les sources sont multiples. En explorant les forces et les faiblesses de ces modèles, nous verrons que la valeur du matériau, par les externalités qu’il implique, varie bien plus que son prix. Comment alors tendre vers une massification sans sacrifier la résilience et les impacts positifs des modèles existants ?
Au sein des équipes de maîtrise d'œuvre, un autre défi se pose : identifier un “qualificateur technique”. De plus en plus exigé par les assureurs, il certifie l’aptitude du matériau de réemploi à son futur usage. Contrairement à l’établissement d’une “chaîne de responsabilité”, cette nomination tend à faire porter la responsabilité à un individu omniscient, simplifiant l’identification de responsable en cas de sinistre. Quel impact cela a-t-il sur la façon de faire projet ?
Les bâtiments et les infrastructures qui constituent nos villes sont le site stratégique de l’accumulation des richesses. Ils témoignent pourtant sourdement de la violence extractiviste faite aux milieux naturels et aux populations souvent lointaines. Nous avons besoin de nouveaux récits pour repenser notre rapport à la matière nécessaire à l’établissement humain et non humain.
Le réemploi ouvre une des voies vers une architecture de la relation. Cette pratique tisse des liens autour de la matière glanée sur les territoires et autour de celles et ceux qui la font passer de main en main et la transforme formant des maillages collaboratifs locaux et situés.
Nous explorerons ensemble durant cette Bulle des pratiques de cueillette des matériaux de réemploi sur les territoires, des chantiers qui deviennent des lieux de transmission et du soin et enfin des processus de reprise des savoirs collectifs autour de l’assemblage ou la greffe de matériaux de récupération sur la ville existante.
Cycle de Bulles des 2 Rives « S’affranchir »