Samuel Courgey est expert technique bâtiments et environnement au sein de l’association Arcanne, pionnier des biosourcés, co-fondateur d’Effinergie. Il a fait le choix, après 15 années passées en chantiers et bureaux d’études de se concentrer à la veille technique de sujets liés à l’environnement. Expert des sujets « Rénovation », « Humidité », « Bâti ancien », co-auteur de livres de référence, il officie désormais principalement comme formateur, relecteur, et « lobbyiste pro-environnemental ». Samuel Courgey est aussi formateur DDQE dans toute la France.
7 mai 2020
Merci à Samuel Courgey d’avoir animé cette quatrième Bulle avec la pédagogie qu’on lui connait… une présentation digne de la haute-couture !
Cette Bulle nous a donné une grille de lecture de ces différentes approches de la réhabilitation énergétique, en nous proposant des retours d’expériences concrets qui aiguillent nos arbitrages.
Comme il nous l’a rappelé, c’est aussi bien une histoire de compétences que de méthodologie, et c’est bien dans cette optique que la Scop les 2 rives et ses experts se placent avec la démarche DDQE.
Cette Bulle nous a aussi rappellé l’importance fondamentale de connecter la réhabilitation énergétique aux questions de l’usage, du confort, du low-tech – de se situer dans cette approche systémique et pluridisciplinaire, frugale, qui se donne pour objectif santé et bien être physique et psychique de ses habitants.
Comme nous l’a livré Samuel Courgey : Il n’y a pas que l’énergie dans l’approche environnementale – l’objectif n’est pas seulement de générer des bâtiments économes en énergie voire vertueux d’un point de vue environnemental, mais de proposer des espaces de vie agréables, adaptés aux besoins, aux usages.
« Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue, et nous sommes dans ce temps de l’histoire ». Nicolas Hulot dans sa tribune et son Manifeste anaphorique « le temps est
venu » convoque une chambre du futur comme organe de co-réflexion pour sortir de la crise de civilisation que nous vivons, et dédiée à la société civile , nos bulles s’inscrivent dans cette logique « comme des bulles du présent et du futur ». Dans la réjouissance et l’apaisement, inscrivons nos pratiques dans ce moment de l’histoire et poursuivons ce chemin symphonique ensemble.
*Plus d’un million de réhabilitations à gérer par an, un enjeu d’ampleur
*Malgré les faits et les bonnes intentions, les stratégies politiques ne suffisent (malheureusement) pas. Quelles autres possibilités avons-nous (par delà l’implication individuelle de beaucoup ou nos « petits lobbying ») ? Comment se structurer ensemble pour agir, en complémentarité des politiques, et de façon efficiente ?
*Une rénovation BBC doit impérativement gérer les interfaces pour ne pas passer à côté de son sujet
*Rénover le parc existant au niveau BBC, est-ce suffisant pour limiter les émissions à +2°C comme le préconise le GIEC ?
*Par définition la rénovation d’après ce que vous avez introduit sert notamment à adapter les logements aux nouveaux usages, mais alors comment prendre en compte les usages si on ne change par exemple uniquement les menuiseries et les systèmes techniques. La rénovation n’est alors que technique.Il s’agit peut être de profiter de ces rénovations énergétiques pour prendre en compte les usages des habitants ?
*Soulignons l’importance d’aller vers une approche environnementale globale
*Pourquoi, en base, ne pas être plus volontaire sur les parois opaques, quand on sait que le coût de l’isolant en ITE, c’est « seulement » 20%, d’autant que si « bien fait » à très longue durée de vie ?
*Les baies au Nord : plus captrices que déperditrices ?
*Peut-être que dans quelques années on parlera non pas de confort d’été mais de confort en périodes chaudes parce que cela arrivera aussi en dehors des périodes estivales.
*Face à l’immense défi qui consiste à rendre l’ensemble du parc construit au niveau BBC, plusieurs initiatives nous proposent des approches spécifiques
*La vraie problématique demain n’est elle pas l’inconfort estival qui va devenir de plus en plus présent d’ici quelques années et la seule solution sera l’arrivée des climatisations qui anéantira les efforts faits sur l’isolation et/ou le bio-climatisme.
*Ne doit-on pas crier au scandale quant à l’équilibre hygrothermique du mur ?
*Il y a aussi les intersaisons, les apports gratuits sont parfois très importants (exemple est de la France) les systèmes de chauffe doivent donc pouvoir permettre un apport faible et modulable cela va parfois à l’encontre de la remise en état des systèmes existants (voiture) il faut parfois aussi évaluer ce coût …
*Pourquoi en rénovation, et notamment pour définir le « BBC rénovation », utiliser encre notre vieille RTex ? (en mélangeant en plus avec une référence à la SRT de la RT2012). La physique reste la même en neuf et en réno. Pourquoi ne pas utiliser la RT12 voire la future RE20 en réno également ? RTex incomplète, titre V pour utilisation de CET…etc
*N’oublions pas : l’objectif n’est pas seulement de générer des bâtiments économes en énergie voire vertueux d’un point de vue environnemental, mais de proposer des espaces de vie agréables, adaptés aux besoins, aux usages.
*Ne risque-t-il pas d’y avoir des risques de plus en plus grands de voir apparaître des périodes chaudes voir très chaudes, y a t il des actions en ce sens pour pouvoir anticiper les bâtiments ou les rénovations de demain ?
Car en parlant des ephad, la solution radical imposée reste la climatisation obligatoire après 2003, sur la France entière , même à Mouthe …
*Pendant des années , il a été proclamé qu’il fallait mettre une couverture sur le bâti or on savait déjà que la thermique d’été était un problème ? aujourd’hui la thermique d’été n’est toujours pas prise en compte. Et quid de la ventilation du bâtiment qui est la première des actions à mener ?
*Avoir une enveloppe thermiquement performante ne s’improvise pas, et l’enjeu n’est pas d’abord de savoir si on va mettre 14 ou 18 cm contre les murs…
*Les aides publiques ne sont pas la solution. Energy sprong est une forme de tiers financement. On aurait pu penser à une banque publique avec compétence technico-économique qui aurait permis le financement d’un programme massif de rénovation globale, avec une démarche de tiers-financement. Il faut donner du temps long pour amortir les coûts d’investissement. On est encore au quasi point mort avec moins de 3 milliards de travaux par an en rénovation globale type BBC alors qu’il faut entre 15 et 20 milliards € de travaux par an.
*Pourquoi la maîtrise d’œuvre n’est elle pas plus encouragée ou soutenue dans les petits projets et la vision reste soit industrielle avec Energy Sprong soit artisanale avec doremi par exemple, or la vraie problématique demain n’est elle pas l’inconfort estival qui va devenir de plus en plus présent d’ici quelques années et la seule solution sera l’arrivée des climatisations qui anéantira les efforts faits sur l’isolation et/ou le bio-climatisme.
*Outre l’isolation, 2 sujets ne peuvent accepter l’improvisation : le ventilation et le systèmes de chauffage et d’ECS
*Dans ce sujet rénovation, n’est-il pas important d’aller au-delà de la technique et de travailler aussi sur la perception sociétale de ce qu’est le confort : amener à des tolérances sur les dérives de Température, introduire T équivalente, suggérer des modifications d’habitude de vie, … en gros sortir d’un hygiénisme à la mode pour aller vers une meilleure santé, « réelle », …
*Pourquoi la rénovation énergétique se résume toujours et uniquement à l’isolation du mur et toiture, fenêtre … en oubliant toujours qu’il y a un être humain qui habite ce logement ?
*Quid des matériaux d’ITE utilisé notamment dans le logement social! On a beau faire ce qu’on peut quand les budgets ne sont pas là on sabre les projets, on supprime des points essentiels (remplacement des chassis) et on fait le choix du moins cher avec le PSE malheureusement. Et quand je dis on je dis nos maitres d’ouvrage. Nous architectes nous sentons assez démunis face à ces situations alors que l’on sait qu’on intervient pour 20 ans au moins!
*Il n’y a pas que l’énergie dans l’approche environnementale : bilan CO2, biodiversité, économie circulaire (épuisement des ressources et gestion de fin de vie)…
*En sus du listing des structures ressources, il manque peut-être aussi : la démarche QBD, la maison Passive, tous les réseaux d’acteurs (dont DDQE), … et d’autres 😉
Pour poursuivre ces réflexions et autres exemples à l’appui, nous vous informons des prochains événements que nous organisons avec Samuel Courgey :
*une formation en classe virtuelle ces prochaines semaines sur l’humidité dans les parois – sessions programmées :
*des formations courtes en présentiel à partir de septembre (Lyon, Strasbourg, Dijon, Caen, Paris, Nîmes) :
*un tout nouveau workshop dédié à la réhabilitation performante dans un éco-centre, formation in situ à la ferme de Chenèvre dans le Jura les 10 et 11 septembre
*… et certainement une Bulle à venir sur ce sujet de l’humidité aussi !
*& toujours la formation certifiante et labellisée DDQE , dans le cadre de laquelle nous programmons ces Bulles.
Vous pouvez retrouver les dates et lieux des formations dans notre agenda de la Scop les 2 rives, par ici !